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Trying to swallow happiness...

Lundi 25 avril 2011 à 22:19

Elle écrase son mégot sur le rebord de la fenêtre. Il a fait bon toute la journée, mais maintenant un vent frais balaye la rue, et elle frissonne. Appuyée contre la rambarde, elle regarde les étoiles, la rue calme, le monde immobile autour d'elle. Elle craque une allumette, allume une autre cigarette. Elle se sent si seule ce soir, il faut bien compenser. Elle soupire doucement en pensant à la journée triste qui l'attend le lendemain. La musique de fond s'arrête. Elle ne bouge pas pour la remettre. Elle voudrait s'oublier. Se fondre dans la nuit, dans l'immobilité. Etre le monde entier, et rien à la fois. Ses doigts effleurent doucement les rideaux. Elle ferme les yeux, s'imprègne de l'air autour d'elle. Elle exhale une nouvelle bouffée de cigarette. Proprement écoeurant. Mais tellement nécessaire. Son rythme cardiaque ralentit. Elle se dissout dans l'univers, oublie qu'elle existe, oublie que demain, elle devra faire face à ses problèmes. Ce soir, elle est le vent, les étoiles, les nuages et les pavés. Elle est l'arbre devant sa fenêtre, le mégot qu'elle vient d'écraser, le pantalon qu'elle porte, et le pissenlit qui flotte dans les airs. Elle est l'ombre que projettent les lampadaires sur ce monde nocturne, le chat qui erre dans la rue et l'eau qui ruisselle vers la bouche d'égout.


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Dimanche 17 avril 2011 à 10:32

Je cherche le bouton pause de ma vie. Celui sur lequel appuyer pour enfin prendre le temps. Passer par une classe préparatoire n'était peut-être pas le meilleur endroit pour chercher, mais sûrement celui où cela m'aurait été le plus utile. Soudainement, je réalise que tout cela est terminé. Mardi commencent les concours. Après cinq ans dans ce lycée, je fais enfin jouer la porte de sortie. Ce lycée, je l'ai aimé. Je l'ai détesté aussi certains jours. Mais j'y ai grandi. J'y suis née en un sens. C'est dans ce lycée que j'ai rencontré les gens les plus fabuleux que je connaisse. Rencontrés, aimés. Perdus parfois.


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Mercredi 13 avril 2011 à 20:56

"Je te réponds ma lycéenne, moi qui ne suis plus lycéen,
Tu veux quelqu'un qui te comprenne, je te comprends, j'essaie au moins..."


Empilés sur mon bureau se trouvent mes livres de révisions, mes notes étalées pêle-mêle, mes stylos éparpillés... Je n'y ai plus le coeur ce soir, et pourtant, je n'ai plus que cinq jours pour me préparer. Pour ne pas regretter, le moment venu, face à ma copie, de ne pas avoir assez travaillé. Mais non, je n'y peux rien, De Gaulle commence par me rendre malade, les malheurs du Tiers-Monde me semblent sans fond, et les simples mots de guerre froide, ou de crise économique pourraient provoquer des éruptions de boutons. Mon reflet dans le miroir me renvoie ma pâleur, mes traits durs et froids. J'en ai assez. Assez de me battre pour des rêves dont je ne suis pas même sûre qu'ils soient les miens, assez  de me plier aux désirs des autres. Assez d'essayer de m'adapter aux exigences de chacun. Assez d'accepter.

Je laisse couler. Je laisse les secondes s'égrener, le temps m'échapper, ses règles s'imposer. Ca m'est égal. Qu'il décide. Qu'il se comporte comme il le souhaite. Ca m'est égal qu'il me dise que ma présence lui est égal. Ca m'est égal. Dans quelques mois, je serai loin. Loin de lui, loin d'ici, loin de tout ce que j'ai connu. Ca m'est égal de ne plus construire, ça m'est égal d'ajouter, une, deux, dix, mille pièces à cet édifice, puisque nous allons gaiement le détruire sous peu. Alors vas-y, dis moi que tu t'en fiches. Prends moi sur le carrelage, fais voler en éclat mes incertitudes, jettes moi tes paroles tranchantes, je ne suis plus à ça près.

Oui je suis en colère. Non tu n'as rien fait. Je ne suis juste pas d'humeur. Pas d'humeur à t'aimer, pas d'humeur à te voir ne pas m'aimer.


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Dimanche 10 avril 2011 à 12:32

Elle frissonna. Elle avait aéré sa chambre toute la nuit, et maintenant, hors du lit, elle tremblait. Mais ce froid venait de l'intérieur avant tout. De son absence, du trop-plein de questions qui semblait sur le point de déborder, et de déverser avec lui un flot intarissable d'inquiétudes. Il n'était pas temps de soulever toutes ces interrogations, loin de là. Les jours s'égrenaient à une allure folle, qu'elle ne parvenait plus à suivre. Chaque matin, il lui fallait se faire violence pour affronter une nouvelle journée, qui ne serait jamais suffisamment studieuse pour l'empêcher de culpabiliser. Elle pensait trop, comme toujours. Elle n'y pouvait rien, c'était dans sa nature. Se poser toutes les questions, envisager toutes les solutions avant de prendre un risque. Elle aurait aimé qu'il soit là. Se blottir dans ses bras, oublier à nouveau pendant quelques heures les échéances qui ne faisaient que se rapprocher. Se sentir bien, se sentir pleine, se sentir sereine. Elle soupira et reprit son crayon pour poursuivre son travail.


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Samedi 9 avril 2011 à 20:43

Elle me sourit, se redresse, s'assoit sur mes genoux. Elle mordille sa lèvre inférieure en haussant un sourcil provocant. Nous éclatons de rire, et je l'étreins plus fort. Elle joue. Du bout des doigts, elle manipule mes vêtements, caresse mes cheveux... Et moi je ne peux pas la quitter du regard. Elle est si vive, si pétillante. Et en même temps si fragile, si vulnérable. Elle m'apaise. Son rire chante à mes oreilles comme aucune mélodie auparavant. Et pourtant, elle est si étrange. Différente. Elle grimace d'un air dégoûté quand j'avale un café. Elle s'assied sur le sol, se laisse glisser dans des positions inattendues, toute en souplesse. Elle s'abandonne entre mes bras en dépit du bon sens, sans prévenir, comme ça. Mais elle n'a pas peur. Elle se laisse glisser, simplement, en douceur. Elle choit sur mon canapé, le sourire au lèvre, moi à ses pieds. J'ai failli ne pas parvenir à la retenir. Elle ne semble pas inquiète, pas le moins du monde. Je passe la main dans ses cheveux, je serre son corps frêle contre le mien.
Je ne sais pas s'il s'agit d'amour. Mais il est inconcevable que nous ne partagions pas quelque chose de fort. D'harmonieux. Elle est mon exception. Celle que je n'avais pas su, ou pas voulu reconnaître, celle qui s'est mis en travers de ma route pour que je ne puisse pas la manquer. Elle a mis les pieds dans mon univers d'autorité, comme si elle savait tout ce qu'elle pouvait m'apporter. En quelques jours à peine, elle a trouvé le meilleur de moi-même, et m'en a fait cadeau. Elle est ma révélation. Celle que j'attendais, depuis trop longtemps déjà.


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Samedi 9 avril 2011 à 11:05

Il l'imaginait avec l'autre. Il lui avait fallu du temps pour réaliser ce qu'il avait perdu. Et maintenant, chaque instant de liberté laissait son esprit la rejoindre. Il l'aimait profondément, de cet amour pur des premières fois. Mais il n'avait pas su agir quand il le fallait. Elle avait hésité. Elle avait même eu un instant d'abandon et d'oubli, s'était laissée aller dans ses bras. Mais il n'avait pas su saisir l'instant. Il n'avait pas eu la volonté de la retenir. Il n'avait jamais tenté quoi que ce soit. Il ne prenait pas d'initiatives. Et maintenant, elle se tenait probablement dans les bras de l'autre. Elle lui envoyait certainement des messages d'amour. Ceux qu'il ne recevrait plus.
Il se serait donné des baffes. Elle avait été là si longtemps, comme à disposition, qu'il ne s'était pas imaginé qu'elle puisse partir. Qu'elle ne l'attendrait pas. Au fond de lui, son premier amour devait être le dernier. Il pensait sincèrement qu'il l'aimerait toujours. Il ne s'en était simplement pas aperçu au bon moment. Alors il contemplait les photos, son sourire sincère, ses yeux pétillants... Il se remémorait leurs moments ensemble, se rappelait les sensations qu'il avait éprouvé en la découvrant dans sa robe de soirée, en effleurant ses épaules nues, en caressant ses cheveux. Pour la première fois, il n'arrivait pas à être rationnel à son propos. Il pensait à elle à chaque instant de ses journées.
Il ne ressentait pas vraiment de jalousie. Elle était certainement plus heureuse avec l'autre. Mais la savoir avec un autre lui vrillait l'âme. L'accepter, c'était reconnaître qu'elle ne reviendrait pas. Qu'il n'avait pas été à la hauteur.


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Vendredi 8 avril 2011 à 10:38

"Tu veux que je te raccompagne ?
- Non, ne t'embêtes pas, ça va aller."


Elle a passé son écharpe autour de son cou, a traversé en quelques pas l'espace qui nous séparait, et a embrassé ma joue avec tendresse. J'ai posé mes lèvres sur les siennes en un baiser furtif, et puis elle s'est évaporée. Sans un bruit, sans un souffle, elle était dehors. J'ai contemplé l'espace qu'elle avait laissé vide. Le lit, qui était presque devenu le sien. Le tapis, la fenêtre, tout ces lieux où elle s'était tenue, immobile, calme et songeuse. J'étais un peu inquiet. Elle avait semblé soucieuse, comme un oiseau blessé, dont j'aurais froissé les ailes. J'avais caressé son épaule, incapable de savoir ce qui l'avait troublée, si soudainement. Je me suis couché seul ce soir là. Les yeux dans le vide. Je savais que le lendemain, elle ne viendrait pas me réveiller de baisers et de croissants. C'est fou, elle me manque. Déjà.


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Dimanche 3 avril 2011 à 17:03

L'enlacer. L'embrasser. Comme un adolescent, comme un enfant, qui n'ose pas. Elle me sourit. Elle cherche le contact. Discrètement, doucement. Nos épaules s'effleurent, nos jambes se touchent. Elle rit aux éclats. Si seulement ce rire enchanteur pouvait durer toujours. Mes doigts cherchent les siens. Je sens mon coeur qui bat plus fort, j'ai peur qu'elle en sente les battements, qu'elle perçoive mon émoi. Je veux qu'elle sache qu'elle peut s'appuyer sur moi. Contre moi. Elle me sourit timidement. Caresse ma main en douceur. On reste là, hésitants. Je passe mon bras autour de son épaule, et immédiatement, elle cale sa tête près de mon cou. Mon coeur s'accélère, encore. Plus fort, toujours plus fort. Du bout des doigts, je caresse ses bras nus. La douceur de sa peau me fait frémir. Elle s'abandonne contre moi.
Quand le film s'est terminé, nous sommes restés là. Enlacés dans mon appartement, à parler de rien, sans oser bouger, de peur que l'harmonie se brise. On a passé la soirée à se tourner autour. A s'enlacer, se frôler. A se regarder, presque intimidés.
La lumière est tombée progressivement, et dans la pénombre, je l'ai serrée dans mes bras. Mes bras noués autour de sa taille, ses mains posées sur les miennes. Elle s'est tournée avec sa douceur habituelle et m'a sourit. Un sourire encourageant. J'ai fermé les yeux et penché mon visage vers le sien. Nos lèvres se sont jointes en un baiser innocent, enfantin, délicieux. Comme effrayée, elle a caché son visage contre ma chemise, plus près de mon coeur. Instinctivement, j'ai resserré mon étreinte autour de sa taille. J'aurais voulu que l'instant dure. Indéfiniment.



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