sweetening-diary

Trying to swallow happiness...

Samedi 16 juillet 2011 à 23:31

Quatre nuits dans tes bras, quatre jours plongée dans tes yeux. Et maintenant, le soir, lorsque vient l'heure de fermer les yeux, de doucement glisser dans le sommeil, une amertume. Celle de m'endormir loin de toi, sans entendre ta voix qui murmure à mon oreille, sans sentir ta main qui cherche la mienne par dessous les draps, qui caresse tendrement mon épaule. La sensation de chaleur qui m'envahit lorsque je ferme les yeux, blottie contre toi. La nuit ne m'intimide plus auprès de toi, je la sens chaleureuse et rassurante. Mais ce soir, tes bras ne m'enlacent pas, tu es reparti, et me voici seule dans ce lit au draps immaculés, où tu n'as jamais dormi. Mes yeux se ferment et je frissonne. Je redoute le réveil, lorsque je me retournerai pour découvrir ton sourire, sentir tes lèvres sur mon front et tes doigts dans mes cheveux, pour ne trouver que le vide. Ce matin déjà, cette sensation de solitude m'a envahie, instinctivement, j'ai clos les paupières, comme pour me séparer d'un mauvais rêve, me persuader que quand je m'éveillerai véritablement, ta délicieuse présence réchaufferait mon coeur.

Lundi 4 juillet 2011 à 20:41

Ca fait bien longtemps que je ne suis pas venue mettre le ne par ici, et je ne sais pas si je vais recommencer avant un bon bout de temps. En résumé, j'ai passé des concours, puis des oraux, je suis tombée amoureuse, j'ai commencé à faire des projets de voyage, je vais déménager sous peu dans une nouvelle ville pour y étudier, et j'envisage de me trouver un job en parallèle. Mais ce n'est pas pour vous raconter ma vie que je passe ce soir. C'est pour remercier un jeune homme talentueux d'un texte qu'il a eu la gentillesse d'écrire pour moi. Le voici donc. Merci à toi.


Course. Rapide. Une accélération bien placée.  Une cible à ma gauche. Mes deux armes se pointent vers lui. Tirent. Il riposte, mais meurt sans m’avoir blessé. Mes deux flingues automatiques tournoient, et en un instant je les ai rechargés. Une balle me touche. J’accuse le coup en hurlant. Je vise la tête.

 

Mon adversaire tombe, en masse morte qu’il était.  J’accélère, me planque derrière des caisses, de cet entrepôt désaffecté exposé au soleil brulant. Un ennemi passe devant moi. Je suis trop lent. Le coup part. Je tombe en arrière, sans vie… Et me désagrège en poussière numérique.

 

« T’en as tué que deux.
-Dois je te rappeler que toi tu t’étais fait headshot sans le moindre meurtre à ton actif ?
-J’étais pas concentrée !
-Oui, bien sur, pas concentrée !

 

L’ironie dans mon ton était plus que suffisante pour qu’elle se décide à me faire la tête. Pas de façon sérieuse évidemment. Mon écran affichait un autre joueur qui lui luttait encore, en attendant que la divinité binaire accepte de me ressusciter.  La demoiselle assise sur mes genoux se retourna vers l’ordi et posa ses mains sur le clavier.

 

Ses mains dansèrent, ses yeux rivés sur l’écran. Elle se ferait pas descendre par un sniper ce coup ci. Je posais ma tête sur son épaule. Fermais les yeux. Me concentrais sur son odeur. Subtile. Sucrée. Si agréable. Ses longs cheveux caressaient mon visage. Mon étreinte sur elle se resserre. Elle ne le sent même pas, trop occupée à jouer.

 

Rapide regard à ma montre. Vingt trois heures. Vingt et une minutes. Au bout de trois meurtres retentissant, elle finit par décéder, déçue de sa performance. Elle fit la moue en se retournant vers moi. Elle était vraiment adorable.

 

« Je te jure que d’habitude j’en tue plus !
-Je te crois, t’inquiètes.
-Tu me laisse recommencer ?

 

Ses yeux se fichèrent dans les miens, faisant retentir mon cœur dans mon corps tout entier.

 

-Evidemment. C’était vraiment une requête ? Tu l‘aurais fais de toute manière.
-Oui, mais c’est encore mieux de te voir craquer !

 

Adorable. Elle se retourna à la seconde précise où l’ordinateur lui rendait les commandes.  Je l’aime, évidemment. Elle le sait surement. Ou s’en doute. Quant à elle… J’étais dans le flou. J’étais de toute manière une marionnette entre ses mains. Je suis heureux avec elle, et même si je ne peux gouter à ces lèvres, je me sens bien.

 

 J’ai peur, aussi. Peur que si je lui demandais de sortir avec moi, elle s’écarte peu à peu de moi. Pour ne pas me blesser. Alors que ça serait précisément ce qu’il ne faudrait pas faire. Je secouai doucement la tête pour chasser ces douloureuses incertitudes. J’en devenais niais. Profitons du moment.

 

On était ensemble, j’étais bien. La pluie s’abattait sur la fenêtre, déformant la lumière artificielle de la rue. Ca rendait assez bien. On distinguait les gouttes, et celles-ci cadençaient nos parties effrénées.

 

-Powned !

 

Comment une aussi gracieuse damoiselle pouvait être aussi bourrine ? Je souris. Je profitai de sa mort virtuelle pour caser :

 

-Espèce de no life va !
-Tu serais pas là, si j’en étais une !
-Bah… Disons que moi, c’pas représentatif, je ne suis pas beaucoup mieux.

Elle fit mine de réfléchir.

 

-Oui, mais si on était comme ça, on serait sur skype en train de poutrer du gens sur un jeu quelconque, non ?
-Mon pc est mort, aussi.
-Certes. Mais alors tu serais mort, avec ton ordinateur, si t’étais un no life !

 

Elle sourit, victorieuse. Je lui concédai le point. Et pris les commandes du pc. Je jouais mal, mais ce n’étais pas grave. Je lui pulvérisais son ratio, mais ce n’étais pas grave. Je l’aimais, mais ce n’étais pas grave.

 

-Qu’est ce qui ne va pas ?
-Comment ça ?

 

Grillé ?

 

-Je commence à savoir quand tu vas pas bien.
-Tu penses lire en moi à ce point ?
-Je crois.
-Tu te trompes.
-Tu mens.

 

Echange rapide de paroles. Un partout.  J’avais poliment réussi à lui dire que je ne voulais pas en parler. Et mourut d’un sniper sur le jeu. Je me retenais de pester. Elle prit les commandes, m’adressant un regard avec une légère lueur de reproche. Ca ne l’empêcha pas vraiment de se recentrer sur le jeu.

 

Le second pc, celui sur lequel j’avais lancé le téléchargement du jeu pour affronter la redoutable joueuse qui trônait sur moi, avait fini de charger ses octets.

 

-Si je te bas… Tu me dis la vérité ? 
-Hum. Je prends le risque. De toute manière, je vais t’exploser.

 

En effet, j’avais pris le risque de tout lui dire. Ce soir. Je savais qu’elle allait m’allumer, et elle était en plus motivée.  Je voyais mes chances de victoire fondre. Le pari m’obligerait à dire la vérité, et j’en avais besoin, pour renforcer ma volonté. Technique de lâche, certes. Mais je l’assume.

 

J’ouvris mon compte. Comme à chaque fois que nous nous affrontions, quelque soit le jeu et l’enjeu, une légère tension s’abattit sur la pièce. Dans la plupart des jeux, notre niveau s’égalait. Pas sur celui-ci.

 

-Un contre un, ou on invite des gens et le meilleur ratio gagne ?
-Un contre un. Le « teamfight » est trop aléatoire.
-No life va !
-Tss.

 

Et elle lança la partie. Je fis craquer mon coup dans les deux sens,  puis mes phalanges, alors que le décompte du jeu commençait. Nos concentrations respectives étaient sans failles. Contrairement à mon style de jeu.

 

Accélération. Roulade, préparation à une attaque surprise. Dissimulation dans un coin. Chargement de mes deux armes, par reflexe, puisqu’elles étaient pleines.  La damoiselle arriva dans l’entrepôt au milieu de la carte. Elle me localisa au moment où mes premières balles virtuelles fonçaient sur elle. Habile esquive, saut, et… Headshot. Avec une arme de la catégorie sniper. Sans zoomer.

Un petit sourire en coin apparut sur ses lèvres, alors qu’elle levait la tête de son écran, pour voir quelle tête je tirais.

 

-J’avoue, beau kill.
-Et c’est pas fini !

 

Et en effet, elle n’avait pas terminé. Je changeai de stratégie de jeu, optant pour des attaques à distance, pour l’embuscade, voir même pour un corps à corps, mais rien ne passait. Elle avait un style de jeu très complet, et, par conséquent, mourrait très rarement.

 

-J’ai gagné, semble-t-il !
-Tss.

 

J’espérais quelques centièmes de secondes qu’elle avait oublié le pari, l’enjeu de la partie. Pas parce que mon égo avait était blessé, le résultat, je m’y attendais, mais parce que, par lâcheté, surement, je ne voulais pas lui avouer. Je m’étais mis dans une situation où j’étais contraint de répondre, mais, il fallait qu’elle pose la question. Et la peur me fit espérer qu’elle ne le ferait pas. Sauf que cet espoir fut balayé.

 

-Et en gagnant, je t’oblige donc à me dire la vérité. Pourquoi est ce que tu fais la tête.

 

Je pris une grande respiration. Expirais lentement. Elle patiente, tourna sa tête sur le côté, avec un petit sourire d’encouragement.

 

-Je préfère te montrer. 
-Fais donc.

 

Je me suis rapproché d’elle, et je l’ai embrassé. Je m’attendais à ce qu’elle m’en colle une. Ou qu’elle se dégage, dégoutée. J’eus la surprise de la sentir me rendre mon baiser. J’ouvris des yeux étonnés. Enfin, après quelques secondes qui me parurent une éternité nous nous séparâmes. Elle souriait toujours, mais maintenant ses yeux brillaient. Deux larmes perlaient.

 

-J’attendais… J’espérais que… Que tu sois amoureux de moi…  depuis que je t’ai rencontré j’attendais ce moment…

 

Surprise.

 

-Moi aussi… Je ne pensais pas que tu… Enfin que tu partageais les mêmes sentiments à mon égard.

 

J’eus un rire nerveux. Cela faisait trois mois que l’on se tournait autour. En adolescents habituellement solitaires, habitués plus aux mondes virtuels qu’au réel, nous n’avions pas sus comment se le dire, comment le faire comprendre à l’autre.

 

-J’ai bien fais de gagner !

 

Elle sourit et se blottit près de moi. J’irradiais littéralement de joie, et j’avais un peu de mal à parler. Ses longs cheveux me caressaient le visage, alors qu’elle s’était rassise sur moi.

 

-Tu me trouves jolie ?
-Tu es bien plus que ça.

 

Et je ne mentais pas. Je n’étais d’ailleurs pas le seul de cet avis. Plusieurs autres garçons la regardaient déjà avec attention. Déjà jaloux ? Mon dieu. Elle rit, et se laissa reposer sur moi. Je l’aime. Elle aussi. Nous sommes heureux. La pluie dehors, redouble d’intensité, comme pour marquer cet instant unique.

 

Les moments à venir s’annoncent… Merveilleux.

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